Née à Grasse en 1974, Valentine Goby a suivi des études de sciences politiques avant de prendre la plume en littérature générale et en littérature jeunesse.
Deux genres dans lesquels elle excelle et qui lui valent de nombreuses récompenses : lauréate de la Fondation Hachette, bourse jeunes écrivains 2002, prix Méditerranée des Jeunes, prix du premier roman de l'université d'Artois, prix Palissy et prix René-Fallet en 2003. Kinderzimmer est son huitième roman
Avec Kinderzimmer, littéralement "chambre des enfants", Valentine Goby livre un roman qui se lit comme un témoignage. Une prouesse, car l'auteure n'est ni ancienne déportée, ni historienne et que les récits sur les camps de femmes restent rares.
Mila est enceinte et a un peu plus de vingt ans quand elle arrive à Ravensbrück, seul camp de
concentration réservé aux femmes. Elle y découvre les horreurs de la vie, ou plutôt de la survie.
Entre ignorance et peur, Mila lutte et s'interroge, d'autres qu'elle sont peut-être aussi enceintes : "Aux
appels, Mila cherche dans les rangs des femmes enceintes et des bébés. Les ventres sont cachés sous les robes. On ne voit rien. (…) Le vent plaque les vêtements sur des côtes et des os. Il n'y a
pas de femme enceinte. Il n'y a pas de bébé."
Ce roman, rédigé au présent, plonge le lecteur dans la réalité de Ravensbrück, dans l'actualité
de Mila et de cet enfant qui grandit en elle à l'insu des cruelles Schwester et Aufseherin (gardiennes et surveillantes), avec la bienveillante complicité de ses codétenues qui volent pour elle du
lait, du savon, des médicaments… comme autant de trésors pour préserver sa santé et celle de son bébé .
Car, par-delà la mort omniprésente, la vie est plus forte et Mila donne naissance à un petit garçon : "Ein
Junge, un garçon, dit la Schwester, et aussitôt Mila pense un garçon c'est solide. (…) un bébé de Ravensbrück pareil à un bébé du dehors."
Il s'appellera James et rejoindra la Kinderzimmer où Mila vient le voir quatre fois par jour pour le nourrir comme d'autres jeunes mères. Toutes espèrent que leur enfant survivra. Pourtant, la plupart ne dépasseront pas l'âge de trois mois, pour cause de malnutrition et d'épidémies.
Un roman admirablement documenté, qui a la force du témoignage, ne verse jamais dans le mélo et complète avec intelligence et sensibilité la riche bibliographie sur la littérature de
déportation.
Valentine Goby parle de son récit Kinderzimmer